L'Europe devrait bientôt instaurer des seuils sonores pour protéger la faune.
On connaît les dégâts causés par la surpêche, les scientifiques sont en train de découvrir ceux liés au bruit généré par les hommes dans tous les océans du monde. Cela concerne les cétacés, sans doute les poissons et, beaucoup plus surprenant, les mollusques.
La question est prise très au sérieux par l'Europe. Michel André, qui travaille au laboratoire de bioacoustique de l'université polytechnique de Catalogne (Barcelona Tech), est un des scientifiques membres d'un groupe de travail chargé de réfléchir à l'élaboration de seuils en matière de pollution sonore. Si la tâche est complexe, elle paraît de plus en plus indispensable.
Les rubriques animalières présentent régulièrement des images de cétacés échoués sur des plages, totalement désorientés. Le bruit est largement en cause. «Le bruit des bateaux, celui lié à la construction de ports mais aussi et surtout le bruit des sonars militaires et des forages qui sont menés tant pour trouver des matières premières que pour amarrer des plates-formes pétrolières ou les fermes éoliennes offshore», explique Michel André. C'est ainsi qu'en 2008-2009, l'échouage de quatre marsouins sur les côtes allemandes de la mer Baltique a été imputé à la construction d'une ferme éolienne au large. Faute de règles et de seuils sonores à ne pas dépasser, l'entreprise, au banc des accusés, n'a jamais réussi à reprendre le chantier.
En Australie, le phénomène est apparu de façon assez incroyable. Alors que le pays collectionne les grandes fermes aquacoles pour l'élevage des coquilles Saint-Jacques, des scientifiques ont été appelés à la rescousse ces dernières années pour tenter de déterminer les causes de grands épisodes de mortalité. Comme dans beaucoup d'endroits, ils ont d'abord regardé du côté de la pollution chimique ou des épidémies, mais en vain. Jusqu'au jour où ils se sont rendu compte que ces vagues de mortalité intervenaient quelques jours après des prospections sismiques (des ondes émises dans les sols lors des forages notamment) menées plus au large.
Toute la chaîne alimentaire pourrait-elle être concernée? «La question se pose», souligne le scientifique. Jusqu'en 2015, les États européens sont tenus de mesurer le bruit existant autour de leurs côtes. Le bruit est ainsi un des onze polluants étudiés en vue de compléter la directive de 2008 baptisée Marine Strategy Framework. Le nouveau texte devrait voir le jour en 2014, les pays auront ensuite jusqu'en 2020 pour se mettre aux normes. Dans la foulée, tous les utilisateurs des océans seront contraints de prendre leurs précautions. Cela peut signifier pour les bateaux de ralentir ou pour les chantiers de forage de réduire leur intensité voire de cesser quelques jours leurs activités, le temps que les espèces évoluant alentour passent tranquillement leur chemin.
.lefigaro.fr
16/1/13
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On connaît les dégâts causés par la surpêche, les scientifiques sont en train de découvrir ceux liés au bruit généré par les hommes dans tous les océans du monde. Cela concerne les cétacés, sans doute les poissons et, beaucoup plus surprenant, les mollusques.
La question est prise très au sérieux par l'Europe. Michel André, qui travaille au laboratoire de bioacoustique de l'université polytechnique de Catalogne (Barcelona Tech), est un des scientifiques membres d'un groupe de travail chargé de réfléchir à l'élaboration de seuils en matière de pollution sonore. Si la tâche est complexe, elle paraît de plus en plus indispensable.
Les rubriques animalières présentent régulièrement des images de cétacés échoués sur des plages, totalement désorientés. Le bruit est largement en cause. «Le bruit des bateaux, celui lié à la construction de ports mais aussi et surtout le bruit des sonars militaires et des forages qui sont menés tant pour trouver des matières premières que pour amarrer des plates-formes pétrolières ou les fermes éoliennes offshore», explique Michel André. C'est ainsi qu'en 2008-2009, l'échouage de quatre marsouins sur les côtes allemandes de la mer Baltique a été imputé à la construction d'une ferme éolienne au large. Faute de règles et de seuils sonores à ne pas dépasser, l'entreprise, au banc des accusés, n'a jamais réussi à reprendre le chantier.
Un nouveau texte
«Connaître la sensibilité acoustique des organismes marins est très difficile», prévient Michel André. «Mais alors que l'on pensait que seuls étaient concernés les animaux tels que les cétacés qui vivent grâce à l'information acoustique qu'ils émettent et perçoivent, on est en train de découvrir que le problème du bruit est nuisible pour d'autres espèces et notamment les mollusques.» Une étude publiée en 2011 dans la revue Frontiers in Ecology and the Environmentmontre ainsi que sèches, poulpes et autres céphalopodes sont peut-être encore plus sensibles au bruit que les cétacés. Ces animaux n'entendent pas à proprement parler les sons mais lorsqu'ils sont exposés à de basses fréquences associées aux activités humaines, leurs cellules cillées qui vibrent à la même fréquence les perçoivent et peuvent être détruites. L'animal perd ses repères, n'arrive plus à se nourrir et devient la proie des prédateurs.En Australie, le phénomène est apparu de façon assez incroyable. Alors que le pays collectionne les grandes fermes aquacoles pour l'élevage des coquilles Saint-Jacques, des scientifiques ont été appelés à la rescousse ces dernières années pour tenter de déterminer les causes de grands épisodes de mortalité. Comme dans beaucoup d'endroits, ils ont d'abord regardé du côté de la pollution chimique ou des épidémies, mais en vain. Jusqu'au jour où ils se sont rendu compte que ces vagues de mortalité intervenaient quelques jours après des prospections sismiques (des ondes émises dans les sols lors des forages notamment) menées plus au large.
Toute la chaîne alimentaire pourrait-elle être concernée? «La question se pose», souligne le scientifique. Jusqu'en 2015, les États européens sont tenus de mesurer le bruit existant autour de leurs côtes. Le bruit est ainsi un des onze polluants étudiés en vue de compléter la directive de 2008 baptisée Marine Strategy Framework. Le nouveau texte devrait voir le jour en 2014, les pays auront ensuite jusqu'en 2020 pour se mettre aux normes. Dans la foulée, tous les utilisateurs des océans seront contraints de prendre leurs précautions. Cela peut signifier pour les bateaux de ralentir ou pour les chantiers de forage de réduire leur intensité voire de cesser quelques jours leurs activités, le temps que les espèces évoluant alentour passent tranquillement leur chemin.
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16/1/13
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